Construite par des firmes américaines et canadiennes, en s’inspirant d’un modèle américain de 1917, cette locomotive 141-R est spécialement réalisée pour les chemins de fer français au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
C’est à bord d’une véritable flotte de navires de type Liberty Ships que les 141-R traverseront l’Atlantique pour venir assurer la remise en marche du réseau national, celui d’une SNCF qui a particulièrement souffert de la guerre.
La 141-R est une locomotive dite « mixte », c’est-à-dire ni rapide ni lente, d’une puissance moyenne, de performances moyennes, mais apte à tout faire. Elle est à disposition d’essieux type 141, avec un essieu porteur avant, quatre essieux moteurs et un essieu porteur arrière. Et on la verra absolument tout faire sur le réseau français : trains de marchandises, manœuvres, trains de travaux, trains de voyageurs omnibus ou même express ! Limitée à 105 km/h, capable de parcourir toutes les lignes, elle est la locomotive universelle par excellence dont la SNCF a besoin une fois la paix revenue.
C’est donc une locomotive robuste, très simple mécaniquement, issue d’un modèle américain mis au point durant la Première Guerre mondiale, et peu évoluée techniquement par rapport aux locomotives compound très perfectionnées dont la France fait traditionnellement grand usage. Cette robustesse fait d’elle la première locomotive française à être conduite en « banalité », c’est-à-dire avec des équipes qui se relayent. C’est la fin de l’époque des équipes « titulaires », fidèles à la même locomotive dont elles sont responsables. C’est pour cette raison que les équipes de conduite des dépôts de la SNCF surnommeront ces locomotives les « putains », parce que, avec elles, le mécanicien, le chauffeur et la locomotive ne forment plus cet inséparable ménage à trois, soudé et uni pour la vie ! Avec les « Américaines », c’est la fin des équipes à vie, passant d’une locomotive à l’autre, les mécaniciens et les chauffeurs font la danse du balai et changent de « cavalière ».
Les 141-R vont pourtant atteindre des parcours journaliers record. Par rapport à une moyenne nationale de 75 km par jour pour les locomotives classiques de la SNCF, les 141-R assurent une moyenne de 200 km par jour dès leur mise en service, et atteignent 500 km ou même exceptionnellement 800 km par jour en 1949 sur la région Ouest. Ces 800 km sont possibles grâce à la plus grande autonomie accordée par une marche au fuel que par une marche au charbon. Durant les années 1950, les 141-R effectuent, à elles seules, 44,8 % du tonnage total de la SNCF, soit presque la moitié du trafic ferroviaire français !
Objet de collection pour adulte.
Source : Test L’âge d’or des Locomotives – Hachette Collections
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